Le Projet ALCOTRA LEMED IBEX

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© Christian Balais

Référence au programme ALCOTRA

Le présent projet se rattache a l'axe 3 « Attractivité du territoire » du présent programme Alcotra et plus spécifiquement au volet « biodiversité » qui vise à créer des collaborations entre les organismes de gestion des zones protégées afin de développer des initiatives et plans d'actions partages.

Le projet s'attachant à avoir une approche globale des questions environnementales, il rejoint aussi d'autres axes importants du programme Alcotra. Il inclut des questionnements sur les corridors écologiques, le partage de l'espace entre les activités humaines et la faune sauvage. Les réponses apportées pourront se décliner au niveau de la planification territoriale (axe 2 de la stratégie Alcotra sur la maîtrise de l'environnement).

Pour mieux orienter les politiques publiques en terme de tourisme durable (inclut dans l'axe 3), il faut des éléments techniques et des évaluations partagés par les acteurs. La coordination et la diffusion des apports tangibles en terme de zonages et de partage de l'espace font partir des atouts du projet. Le fait d'évaluer les ressources disponibles, d'estimer les interactions avec la faune domestique, de promouvoir des pratiques sanitaires responsables, permet au projet de pouvoir favoriser une amélioration de la gestion des alpages et donc des habitats et des espèces de la zone transfrontalière.

Objectif général du projet

Le Bouquetin des Alpes est une espèce emblématique du patrimoine alpin. Chassé comme gibier, l'espèce était au bord de l'extinction à la fin du 19ème siècle : il ne restait en effet qu'une centaine d'individus dans le parc national du Grand Paradis. Les réintroductions successives sur l'arc alpin ont permis d'améliorer l'état de conservation de l'espèce. Cette restauration a valeur d'exemple, c'est un modèle de réussite dans les démarches de restauration de la biodiversité.

En France et en Italie, l'espèce fait l'objet d'une protection stricte et totale . En France, le bouquetin est non chassable depuis 1962 et protégé depuis 1981. En Italie, il est protégé et non chassable.

Aujourd'hui, plus de 50 000 bouquetins (estimation 2012) sont présents sur l'ensemble des Alpes et cette population globale est désormais stable avec une légère tendance à l'augmentation. Certains sites voient leur population augmenter, d'autres colonies sont numériquement stables et plus rarement des groupes d'individus voient leurs effectifs diminuer, ce qui a conduit d'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) à considérer que le Bouquetin des Alpes n'est plus une espèce en péril, si toutefois les mesures de gestion appliquées à l'espèce et à ses habitats sont correctement adaptées.

Cet effectif global désormais stable, masque une diversité de situations locales, qui interrogent quant aux facteurs susceptibles d'influer sur la démographie de l'espèce. Les statistiques démographiques globales de tonalité a priori favorable occultent une réalité écologique plus préoccupante, certaines populations de moindre diversité étant présumées moins résilientes. D'où l'importance de comprendre les raisons des fluctuations démographiques, afin de mieux adapter les actions de gestion à mettre en oeuvre au niveau local et au sein du réseau transfrontalier.

Comme de nombreuses autres espèces ayant vu leurs habitats se morceler au point de devenir insulaires et leurs effectifs diminuer drastiquement, l'espèce est passée, ces 30 dernières années, par un important « goulet d'étranglement génétique ». La plus grande partie de la population initiale ayant disparu, un appauvrissement considérable du patrimoine génétique de l'espèce en a résulté. Or, toute baisse conséquente de la diversité génétique peut influencer la capacité des populations à s'adapter à de nouvelles contraintes environnementales telles que des changements climatiques, a fortiori s'agissant d'une espèce souvent considérée très sédentaire.

Dans l'hypothèse d'infection par des agents pathogènes exogènes, les conséquences possibles d'épidémies sur des populations dont le fonctionnement demeure « insulaire » pourraient potentiellement être désastreuses, un appauvrissement génétique pouvant être à l'origine d'une perte de résilience. Il est ainsi primordial de pouvoir mesurer (et améliorer par la gestion) les échanges entre populations (identification des corridors, réduction de l'impact des activités humaines).

L'évaluation du degré d'insularité se rattache au concept de metapopulation, qui en écologie, définit un ensemble de groupes d'individus d'une même espèce séparés spatialement ou temporellement mais demeurant interconnectées.

L'exploration du lien entre diversité génétique et dynamique de population pourrait contribuer à l'explication d'accidents démographiques à ce jour non élucidés (en particulier pour les parcs nationaux de Vanoise et Grand Paradis), contribuant ainsi à éclairer les stratégies de gestion.

Ainsi l'objectif général du projet est-il de mettre en place des outils et processus partagés de gestion conservatoire du bouquetin, faisant appel a l'élaboration de protocoles innovants de suivi, à la mise en place de recommandations et de bonnes pratiques de gestion de l'espèce et de ses habitats et a des processus d'implication des acteurs socioprofessionnels et des collectivités locales, en réponse aux recommandations générales de l'UICN.

Les défis communs aux partenaires du projet et potentiellement partagés avec bon nombre d'autres gestionnaires d'espaces naturels résident en :

L'analyse des facteurs de risque de dépression démographique et la recherche de modes de gestion adaptés aux contextes locaux sont envisagés.

Les interactions avec les activités humaines et le territoire sont traitées, notamment :

Les Alpes, barrière géographique, sont un espace d'échange entre les différents noyaux de populations. Ceci impose une convergence dans les méthodes de suivi et de gestion entre Français et Italiens.

Des approches novatrices seront mises en oeuvre pour atteindre les objectifs spécifiques :

Le projet se fonde donc sur trois principes fondamentaux : innovation technique, mutualisation et transfert d'outils (dont bases de données) et de méthodes et enfin, cohérence dans la gestion des espaces naturels. Assurément, dans ce cas particulier, l'entrée par une telle espèce patrimoniale et une approche intégratrice, qui permet d'envisager de multiples facettes de la gestion conservatoire.

Les partenaires du projet

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Les partenaires impliqués dans cette candidature sont des structures publiques ou para-publiques qui, par leurs missions et leur fonctionnement sont relativement proches. Pour autant, il convient de préciser que le projet nécessite par ailleurs une étroite collaboration avec les services et organismes à vocation sanitaire, des laboratoires universitaires, des acteurs socioprofessionnels locaux dont le monde agricole, et dans certains cas une concertation avec les propriétaires, usagers et pratiquants d'espaces montagnards concernés par la présence du bouquetin.

Le programme regroupe ainsi 8 partenaires français et italien : les parc nationaux de la Vanoise, des Ecrins et du Mercantour, le conservatoire d’espaces naturels de Haute Savoie (ASTERS), les établissements gestionnaires des espaces protégés des Alpes Cotiennes et des Alpes Maritimes, le Parc national du Grand Paradis et la Région automne de la Vallée d’Aoste.

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