Marquage et suivi du Bouquetin des Alpes dans le Parc national de la Vanoise :
© Christophe Gotti
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Contexte / historique
À la création du Parc national de la Vanoise en 1963 ne subsistait en France que deux noyaux (Modane et Termignon) constituant la population naturelle de bouquetins de Maurienne et représentant à peine une soixantaine d'animaux. À cette population indigène s'ajoutaient quelques animaux erratiques, provenant du Parc national du Grand Paradis estivant dans les vallons de la Grande Sassière et de Prariond, situés dans la haute vallée de l'Isère, ainsi qu'au-dessus de Bonneval-sur-Arc.
Un des objectifs à l'origine de ce premier parc était de protéger cette espèce et de favoriser son retour.
Intérêt du marquage
La compréhension des besoins écologiques, du comportement social et de l’occupation spatiale des individus, entre autres, est nécessaire pour élaborer des consignes appropriées de gestion et de protection de l’espèce. Ainsi les animaux marqués servent de traceurs au sein d’une population et l’observation de leurs comportements individuels permet d’acquérir des éléments précis de connaissance dans ces différents domaines
Technique de capture
téléanesthésie |
elle s'effectue par injection à distance d'un tranquillisant hypodermique à l'aide d'un projecteur. L’animal endormi reste sous la surveillance constante d’un vétérinaire. L’anesthésie est réversible par administration d’un antidote. |
piégeage |
des lacets "à pattes" et des cages-trappes peuvent être utilisés lorsque les conditions de terrain ne permettent pas la téléanesthésie (pentes raides pouvant entraîner le dérochage d'un animal endormi) ou pour des animaux très farouches (femelles). Cette technique n'est, cependant, pas sélective quant aux classes de sexe et d’âge des individus capturés. |
Eléments apportés par le suivi
Des thématiques variées et complémentaires peuvent être étudiées grâce au marquage et au suivi d’individus représentatifs de la population (classes de sexe et d’âge définis) :
- Déplacement et domaines vitaux :
- caractéristiques écologiques de l’habitat de l’espèce, variations au cours des saisons ou selon l'âge et le sexe des individus...
- corridors de migration et localisation des zones sensibles (rut, mises-bas, hivernage) à préserver en priorité (vis-à-vis des aménagements et activités humaines)
- importance des échanges entre populations (déterminant notamment la diversité génétique)
- impact des perturbations extérieures (facteurs climatiques, troupeaux domestiques, fréquentation humaine…) sur le comportement individuel
- Dynamique de population :
- succès de la reproduction (taux de femelles gestantes et de survie des cabris)
- survie des individus adultes (nécessaire pour le maintien à long terme des populations)
- Organisation sociale :
- structure des groupes (détermine la pyramide des âges à respecter lors des opérations de réintroduction)
- facteurs à l’origine des échanges entre groupes et/ou populations (rôle de la hiérarchie, importance du comportement individuel)
- Pathologies :
- pathologies présentes de façon latente ou occasionnelle (analyse des prélèvements sanguins ou biologiques effectués systématiquement lors des captures)
- évolution de maladies au niveau de l'individu et de la population.
Données issues des marquages
L’immobilisation d’un animal représente une occasion unique de recueillir des données précieuses concernant son état physiologique et sa morphologie, grâce à :
- des mesures biométriques (longueur des cornes, tour de poitrine, …) : elles rendent compte de l’état corporel de l’individu et de l’effet éventuel des contraintes extérieures (climat, ressources alimentaires…) ;
- des analyses vétérinaires : le recueil d’échantillons sanguins ou physiologiques permet de détecter la présence de pathologies au sein de la population ;
- des analyses génétiques : le prélèvement d’échantillons biologiques permet l’étude de la diversité génétique de la population, variable selon son origine (réintroduction ou colonisation naturelle).
Type de marquage
- boucles auriculaires et colliers simples : de différentes couleurs, ils permettent de repérer un animal à distance, lors d'une observation visuelle, suivant un code coloré propre à chaque individu.
- colliers radio-émetteurs : émettant un signal radio, ils permettent de localiser un animal à distance, à l'aide d'un récepteur, et de relever sa position sans observation directe (méthode de la triangulation). Cette technique peut être délicate à utiliser à proximité de parois rocheuses du fait de la réflexion du signal.
- colliers GPS : ils captent les signaux de plusieurs satellites pour enregistrer automatiquement la position d'un individu à intervalle de temps prédéfini. Les informations sont stockées dans le collier, qui doit être récupéré afin d’être analysé. Cette technologie permet de recueillir des données à toute heure et en toute saison.